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Une collection, catalogue raisonné du fonds de la Fondation Louis Soufier-Deleure…


DOC. 12 3156-5/310512

Une collection, catalogue raisonné du fonds de la Fondation Louis Soufier-Deleure, en préparation aux éditions Yoshimasu Publishers, collection Les collections, préface d’Alain Farfall.

Hubert se tient sur le seuil, prêt à franchir le cadre de la porte.
En contre-jour, sa silhouette fragile.
C’est jeudi. Ils sont tous assis dans les larges fauteuils, dont Maxime a hérité récemment.
Calmes et silencieux.

(cf. Maxime Darfonville, une éventuelle biographie parmi d’autres.
DOC. 3156-5/200711) Les conversations du jeudi, rencontres initiées par Monsieur Ker. avaient lieu à la librairie Les modernes mais très vite Maxime proposa son salon pour abriter ces échanges devenus indispensables à chacun d’eux.

Hubert est grand et doit se baisser un peu pour entrer dans la pièce. Dans sa main gauche, il tient un journal qu’il brandit, fébrile :
_Ça marche ! L’article est publié !
_Ne crie pas, de quoi parles-tu ? soupire Élie
Maxime acquiesce :
_Il me fatigue, vivement que Rodolphe revienne.
_Ça marche ! L’article est publié ! Ça n’allait pas de soi. Je me suis battu ; un article sur la collection de dessins de Louis Soufier-Deleure, ils n’en voulaient pas.

(cf. Dé-plis, DOC. 3156-5/200711, Encore, regarder quelques dessins…) Louis débuta sa collection en 1985, pendant son premier séjour chez M. Ker à Saint-Marcouf où il soignait la profonde dépression qui l’isola pendant presque une année.

_Regardez une double page, sans photos, vingt mille huit cent trente signes : j’avais placé la barre haute.
Élie, maussade :
_Pourquoi ne pas en avoir parlé avant ?
Louis :
_Il me l’avait dit mais j’avoue que je n’y croyais pas. Je suis tellement absorbé par la préparation du catalogue que je n’y ai pas attaché d’importance, pensant que c’était un projet « en l’air »...
Il a failli ajouter « comme d’habitude ». Il regrette ce qu’il vient de dire, il n’est pas temps de ranimer des souvenirs encombrants.
_En parler, aurait signifié que j’étais sûr de moi ; or ce n’était pas le cas. Sans l’intervention de Rodolphe et de Charles, rien n’aurait abouti. Je travaille à ce projet depuis le printemps ; j’ai préféré travailler secrètement. C’est la vraie raison de mon absence de Saint-Marcouf, cet été, et non pas ce que vous avez imaginé.

(cf. Lettres de Saint-Marcouf, DOC. 3156-5/200912, Les jeudis de Saint Marcouf, Correspondance, Maxime Darfonville - Louis Soufier-Deleure - ÉliePontpuiseux)

Déjà, Louis se lève, saisit le magazine qu’Hubert a posé sur la console un peu à l’écart, et de retour à son fauteuil, se penche sur les pages, inquiet.
Après les premières lignes, son dos se courbe, ses mains serrent un peu plus les bords des feuilles.
Pas question d’oser un seul mot, ils le savent.
Parvenu à la première ligne de la troisième colonne, il commence à sourire, son œil droit un peu fermé, remarque Élie, le regard rivé sur son profil. S’installe un tel silence qu’à travers la cloison, la bruyante conversation téléphonique du voisin est transparente : il a encore des problèmes relationnels avec son chien.
Louis pose le journal sur l’accoudoir usé. Il sait que ce qu’il dira n’est pas anodin. Sa pensée s’emballe, lui échappe, explore à grande vitesse toutes les voies possibles de sens.
Avec fulgurance, la phrase s’impose sans qu’il en soit vraiment le maître. Il lève son regard tranquille vers Hubert resté debout :
_Que penserais-tu d’une phrase pour clore le colophon du catalogue :

Remerciements à Hubert, pour son soutien sans faille ?