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La compagnie de Brodeck


DOC.11 3156-5/211013. Écrit à Bâle

> Brodeck m’a dit qu’il n’y était pour rien, lui glissa sèchement Louis.

> J’aimerais bien que cela cesse. Tout le monde parle à tort et à travers. Toutes ces paroles laisseront des traces.

> Vous n’êtes pas responsable de la dégradation de leurs rapports. Leur conflit leur échappe et les laissera exsangues. Vous pensez pouvoir agir par quelques paroles bien senties mais au mieux ils n’entendront pas, au pire, ils interprèteront vos paroles comme une agression. Ils ne souhaitent pas que leur conflit se calme, ils en vivent. Il les ramène à une énergie ancienne, aux années de débat quand les mots les aidaient à se constituer.

> Mais ils vont nous détruire, aujourd’hui !

> Ils le savent mais cela a du panache : quitter la place, le verbe haut quand ils pensaient naguère, le faire en silence, lents, fuyants et méprisants.

> Louis, vous faîtes mon étonnement ; je ne parviens jamais à prendre du champ et vous en quelques mots vous clarifiez tout. Savez-vous cela ?

> Non, répond Louis songeur. En fait, j’écoute, je regarde et quelque chose en moi embrasse les personnages de la situation. Souvent avec fulgurance, un point de vue s’impose sans que j’y sois préparé. C’est ainsi.
Je n’y suis pour rien comme dit Brodeck.

Marguerite Dewandel, octobre 2013, Bâle
Dessin : Joëlle Labiche
© La Cage de l’Ombre Forte.